Il n’est pas nécessaire d’être anglais pour connaître le « teatime » – même s’il est plus simple de l’être pour en connaître tous les moindres détails. Si vous êtes un grand fan de thé et que vous ne manquez pas de sortir votre bouilloire ou votre théière pour vous préparer une petite tasse à chaque occasion vous vous êtes peut être demandé un jour : mais d’où vient cette tradition ?
Une appelation qui a beaucoup évoluée
Le thé de l’après-midi (ou tea time) a porté plusieurs noms au cours du temps. On parle notamment parfois de « low tea » en référence aux chaises et tables basses,de « little tea » ou même de »handed tea » pour la façon dont les tasses sont distribuées. Curieusement, avant même l’appelation officielle du Tea Time, une autre habitude consistant à boire du thé, le « high tea » existait déjà. En somme, les gens buvaient du thé l’après-midi avant que l’heure du thé ne devienne un rituel si respecté et ce n’est qu’à l’époque victorienne qu’il s’est vraiment cristallisé en tant qu’événement spécifique.
Alors comment cette tradition a-t-elle commencé ?
Jane Pettigrew une specialiste de l’histoire du thé explique que si le Tea Time a vraiment explosé durant la seconde partie du 19ème siècle, ses racines remontent à l’arrivée du thé en Angleterre environ deux siècles plus tôt.
Lorsque le thé est arrivé en Angleterre dans les années 1650 et 1660, en provenance de Chine, il était un produit de luxe accessible uniquement aux classes supérieures. Comme le café, il a d’abord été consommé dans des cafés publics. Au cours du XVIIIe siècle, les coûts ont baissé et la popularité a augmenté. En 1711, la Compagnie des Indes orientales a ainsi réussi à importer 140 000 livres de thé, ce qui représente environ 28 millions de tasses, et le thé s’est rapidement imposé comme une boisson anglaise classique, une sorte de symbole national. La demande a alors fortement augmenté : en 1791, la Compagnie des Indes orientales a importé 100 fois plus de thé qu’en 1711.
À ce moment-là, même si le thé n’était pas vraiment bon marché, il était devenu un produit standard, même pour les plus pauvres. Le thé offrait une version modérée des excès et un petit luxe agréable. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le thé et le sucre pouvaient sembler des éléments extravagants dans le salaire d’un ouvrier mais apportaient une certaine palatabilité et variété à un régime monotone, de la chaleur aux repas froids et une certaine stimulation aux corps fatigués.
À peu près à la même époque, alors que le thé se répandait, il sortait des salons de thé publics et devenait quelque chose que les gens buvaient à la maison, entrant ainsi dans la sphère domestique traditionnellement féminine. C’est au XVIIIe siècle que la consommation de thé a transitionné d’une activité publique à une activité domestique. Bien que certains se soient demandés si le fait de boire du thé à la maison pouvait amener les gens à trop bavarder ou nuire à leur santé, au 19e siècle, il était bien accepté que tout le monde boive du thé tous les jours. Le thé était ainsi devenu une partie acceptée et essentielle de l’identité nationale.